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Entretien

Réalisé par les étudiantes du département MMI de l’IUT d’Aix-Marseille Université : Habsatou ABASS MADO ABARI, Eva BEC-L’HORSET, Flavie PABIOU,  Sandra GONCALVES

Michel Rey, pourriez-vous vous présenter en quelques mots et dire ce qui vous a amené à devenir photographe ?

Je me définis comme un photographe auteur, conceptuel et plasticien.

Après une carrière d’ingénieur, j’ouvre avec Annick ma femme, une maison d’hôtes et d’art près d’Uzès, dans le Gard. Cinq ans plus tard, nous déménageons à Arles et ouvrons une galerie d’art contemporain. Depuis je vis et travaille à Arles.

Ce qui m’a amené à devenir photographe, c’est le besoin de créer et les échanges avec les artistes que je fréquente. J’aime travailler avec ce médium qui me permet d’entrecroiser le réel et la fiction.

Quelles ont été les étapes importantes dans votre apprentissage de la photographie ?

A Arles, je m’initie à la photographie numérique et suis deux workshops d’une semaine aux Rencontres d’Arles.

Avec Antoine d’Agata, j’explore les « limites de l’acte photographique », dixit d’Agata, à travers un diaporama autobiographique, intitulé Sans fin.

Avec Vee Speers, photographe australienne, je réalise à partir de prises de vues avec des modèles dans un hangar, un triptyque dénommé Lilith, Adam et Eve.

Depuis 4 ans, je participe à des ateliers de photographie plasticienne, à Aix-en- Provence et à Marseille.

Les retours que j’ai eu sur mes deux dernières expositions Métastable et Plan de campagne m’encouragent à poursuivre ce travail photographique.

Qui sont les photographes qui vous inspirent ?

Ils sont nombreux. Et chacun d’eux apporte une note d’influence à mon travail. Je peux citer :

Antoine d’Agata, pour son côté radical,

Les Becher, pour leurs photographies frontales d’installations industrielles,

Luca Gilli, pour l’excès presque aveuglant de lumière,

Hiroshi Sugimoto, pour son travail conceptuel sur le passage du temps.

Et bien d’autres comme Dirk Braekman, pour sa vision du réel en échelles de gris, Elina Brotherus, pour ses autoportraits-paysages…

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Je travaille actuellement sur l’aménagement en bord de mer de Port-La-Nouvelle dans l’Aude, ville que j’ai découverte lors de ma dernière exposition.

Cet aménagement, comme celui des grands centres commerciaux, m’apparaît démontrer que l’humain, pour un grand nombre de politiques, se réduit à la course aux investissements et aux emplois crées.

Les espaces portuaires et la plage sont organisés par les marquages au sol, les bandes roulantes, le mobilier urbain, les plantations, les habitations et les magasins uniformes. Ces espaces de non-lieux sont destinés essentiellement aux touristes, consommateurs éphémères.

Mon projet photographique est de faire le constat de cet aménagement.

Que souhaitez dire à travers vos œuvres ?

Je n’ai pas de message à délivrer à travers mes œuvres. Je suis plutôt dans le constat, le décryptage et la déconstruction / reconstruction.

Cependant, j’aimerais que mes photographies traduisent a minima un point de vue et si possible, sous-tendent une réflexion.

Je constate que les thèmes récurrents de mon travail sont ceux de la présence et de l’absence. Par ailleurs, plusieurs de mes travaux tentent d’exprimer l’aliénation. Et je m’inspire souvent de la cosmogonie judéo-chrétienne pour exprimer l’aliénation de la femme par l’homme.

Y-a-t-il des artistes avec lesquels vous aimeriez travailler ?

J’aimerais collaborer avec des sculpteurs, des peintres et croiser leurs univers. Une première expérience avec la sculpteure Annie Lacour autour du thème de la nature morte s’est révélée stimulante et a débouché sur l’exposition « matière sensible » à la galerie Le Corridor.

Avez-vous des projets ou des idées pour 2021 ?

J’aimerais continuer à travailler sur le paysage urbain, les lieux abandonnés ou en cours de transformation, de manière plus abstraite encore, en utilisant les techniques du collage, de l’oblitération et de colorisation à partir du logiciel Photoshop. Je réfléchis à comment photographiquement prendre en compte l’idée que le passé n’a plus d’avenir et que le présent n’existe plus.

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