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Sâdhus, 2015
Lors de mes voyages en Inde, la présence de sâdhus*, personnages mythiques représentant une philosophie du rejet des biens matériels au profit de la spiritualité, me questionne et me distrait tout à la fois.
Comment photographier les sâdhus et cette spiritualité en évitant le voyeurisme? Comment dire mon étonnement et ma suspicion devant ces personnages difficilement compréhensibles de par ma culture judéo-chrétienne et mon athéisme? Je ne peux m’empêcher de voir des « clowns blancs» en représentation dans le cirque du monde et une image de moi-même.
Faire des photographies frontales d’un sâdhu ne pouvait traduire mon questionnement. Très rapidement, le cube s’est imposé à moi pour matérialiser sa présence spirituelle. Le cube symbolise l’optimisation du monde matériel, sa perfection et sa stabilité mais aussi la vérité, ses six faces sont identiques. Pour Platon, le cube est l’un des cinq solides associé à l’univers. Dans la Kabale, la pierre cubique, est le symbole de l’homme dans son évolution. Il symbolise d’une part l’optimisation du monde matériel, sa perfection et sa stabilité et d’autre part la vérité : peu importe comment nous le regardons, de chaque côté, il reste le même.
Recouvrir un cube de cendre et le photographier devenaient une nécessité.
J’ai récupéré trois cartons de tailles différentes dans une déchetterie. Je les ai enduits de cendre grise et noire et de chaux en proportions différentes. Je leur ai donné une nouvelle vie éphémère, je les ai froissés ou aplatis, assemblés entre eux pour raconter des scènes de vie imaginaires et retrouver les pensées et les sensations provoquées par la présence de ces personnages. J’ai ensuite détruit ces cartons. La photographie a repris ses droits de réalité.
Michel Rey, 2015
*Le sâdhu est, en Inde, celui qui a renoncé à la société pour se consacrer à l’objectif de toute vie, selon l’hindouisme, qui est la libération de l’illusion, l’arrêt du cycle des renaissances et la dissolution dans le divin, la fusion avec la conscience cosmique…Dans sa recherche d’absolu, le sâdhu pratique des rituels magiques, contrôle du souffle, yoga, abstinence sexuelle, vœu de silence, méditation ou mortifications… les sâdhus constitueraient 0,5 % de la population indienne, soit quatre à cinq millions de personnes…Ils appartiennent à plusieurs sectes… Les sâdhus shivaïtes frottent leur corps avec des cendres, symboles de mort et de renaissance… (Wikipédia).